Les chats de mes vacances

Les chats de mes vacances

Le Faron des Toulonnais

Je ne suis pas toulonnaise mais j’ai passé de très nombreuses vacances sur le Faron, chez une dame qui y possédait un cabanon et des chats en permanence. Des vieux chats, des tout neufs, des sauvages et des câlins. Parmi ses chattes, elle en avait eu deux noires, la mère et la fille. La fille n’a jamais compris qu’elle allait avoir des bébés. Elle avait mal et elle s’est mise à courir dans le jardin. La mère essayait de la ramener vers la corbeille préparée pour elle mais rien n’y a fait, elle a dispersé les petits un peu partout et ils sont morts. Plusieurs années plus tard a vécu sur ce terrain un matou surnommé Kiki baveux: il était balafré suite à d’innombrables bagarres, les oreilles en dentelle, et il bavait. Il a vécu comme il a pu et il a vieilli, devenant complètement sourd et, bien entendu, sur le qui-vive en permanence. Bizarrement, quand j’ai introduit ma chatte parisienne, Nana du Lavosac (elle sortait d’une blanchisserie) dite Récamier (elle avait beau être pure gouttière, elle avait très vite oublié ses origines populacières), Kiki se montra d’une douceur extraordinaire vis-à-vis de cette parigote et, d’une année sur l’autre, ils se retrouvaient avec des démonstrations d’amitié. Puis il y a eu Rapugue (sauvage mais collante) qui a fait des petits dans un tas de bois et les en a sortis une fois qu’ils étaient trop vivants pour qu’on ait l’idée de les tuer. Ces chatons ont occupé tout notre été ! Nous passions toutes nos journées à observer leur éducation, comment ils se laissaient tomber n’importe où, endormis, pour se remettre de leurs leçons, de leurs enthousiasmes ou de leurs peurs. Il y en a eu bien d’autres par la suite, certains à qui il a fallu plusieurs jours pour se laisser approcher, et d’autres qui ne demandaient qu’à se laisser apprivoiser et à pénétrer dans la maison. C’est drôle, le ciel doit être du côté des chats sans famille : Lorsqu’ils en ont le plus envie, il se met à pleuvoir fort, on craque et on les laisse entrer… Après, ils sont sur le lit, ronronnent à faire tomber les murs, et la cause est entendue. C’est ainsi que Bordille est arrivée chez nous. Malgré cette drôle d’appelation qui a choqué ici, elle est devenue parisienne et, là, personne ne s’est offusqué de son nom, incompréhensible pour les Parisiens.
A tous ceux qui aiment les chats, je recommande  Le Dictionnaire amoureux des Chats de Frédéric Vitoux, chez Plon/Fayard. C’est un merveilleux cadeau !
Hélène