Durée : du 29 juillet au 21 aout 1707
Contexte :
Pendant la guerre de succession de l’Espagne après la mort sans descendance de son roi Charles II en 1700.
Les 2 principales familles régnantes d’Europe Occidentale, celle de la France (Bourbon) et celle d’Autriche (Habsbourg), toutes deux très apparentées à Charles II, revendiquent alors le trône d’Espagne.
Le prince Eugène de Savoie, au service de la monarchie autrichienne, s’allie à la flotte anglo hollandaise de l’amiral Shovell pour s’emparer de Toulon, qui était déjà un grand port militaire.
En face, l’armée du Maréchal de Tessé – officier général de Louis XIV – avisé de l’attaque imminente des alliés – réussit à arriver avant eux le 26 juillet 1707, soit 3 jours avant l’attaque.
Forces en présence :
15000 hommes pour le royaume de France et 35000 hommes pour les alliés (Autriche, Grande Bretagne, Pays Bas)
Pertes : 10 000 morts ou blessés, 15 vaisseaus sabordés.
Déroulé sur les pentes du Faron :
L’attaque commence le 29 juillet 1707. L’ennemi, arrivé et basé à La Valette, remonte les pentes côté Est du Faron pour s’emparer de la Croix Faron.
Côté Français, Mr de Guerchois, officier de Louis XIV, voyant arriver cet « éclairage » prit-il peur de se voir investir et pensa t-il qu’il valait mieux se replier sans délai ?
Toujours est-il qu’il se retira et que l’ennemi peut ainsi s’établir au sommet de la montagne, tandis que Mr de Guerchois et ses troupes rejoignaient, par le vallon de la Gypière et via le plateau d’Artigues, le poste retranché de Sainte Catherine.
Les ennemis, maîtres de la Croix Faron, s’y établir et achevèrent le retranchement que les Français avaient à peine commencé en y élevant une sorte de petite « redoute » de pierres sèches.
Dans la matinée du 27 juillet 1707 et depuis les contreforts de la Croix Faron, le Duc de Savoie, le prince Eugène ainsi que plusieurs officiers observèrent les défenses de Toulon puis s’en retournèrent dans leur Q.G. de La Valette.
Le 29 juillet, l’ennemi fit deux tentatives d’incursion dans nos lignes, l’une à l’est, l’autre à l’ouest en contournant le Faron par le vallon des Favières. A la pointe du jour, une troupe ennemie de 2000 hommes dévala « les pentes rapides de la montagne » du Faron et se lança à l’assaut de la hauteur d’Artigues défendue par le Marquis de Broglie, tandis qu’un autre groupe fort de 3000 hommes se portait « par les rampes basses du Faron » sur celle de Sainte Catherine commandée par les Brigadiers de Villars, de Gerchois et de Tessé (fils).
Par bonheur, tous les assauts furent repoussés et l’ennemi fut contraint de battre rapidement en retraite.
Ce même jour, une partie des troupes ennemies, commandée par le prince Eugène lui-même, se porta depuis La Valette, derrière le mont Faron par le vallon des Favières et rejoignit le hameau de Dardennes pour occuper la gorge Saint Antoine, dans le but d’empêcher l’intervention de tout secours venant de la place de Toulon par la porte Royale (actuellement : extrémité ouest de la rue Jean Jaurès) et pour voir s’il était possible de prendre à revers le camp retranché de Ste Anne (actuel Parc des Lices).
Le lieutenant général De Goesbrian détacha alors, au niveau du château Saint Antoine (résidence d’été des Evèques de Toulon) au plus étroit de la gorge Saint Antoine (actuellement RD 46 vers Le Revest) , 3000 hommes sous le commandement de Mr De Barville pour s’opposer au passage de l’ennemi.
La gorge fut si bien défendue que l’ennemi ne put avancer plus avant et fut obligé de battre en retraite et de se retrancher sur les hauteurs environnant le Revest.
Les jours suivants, les ennemis portèrent de nouveau tous leurs efforts sur les hauteurs d’Artigues et de Sainte Catherine afin d’obliger les français d’abandonner leurs positions.
Ce qui fut fait le 1er aôut et qui permit le lendemain aux ennemis de s’établir, non seulement sur la hauteur de Sainte Catherine, mais aussi sur celle de La Malgue (aujourd’hui Fort Lamalgue), qu’ils s’empressèrent de fortifier solidement. Puis ils relièrent ces 3 postes entre eux par une tranchée.
Les travaux de fortifications commencèrent le 2 août et continuèrent les jours suivants alors que, du côté français, on s’employait aux derniers travaux du camp retranché de Sainte Anne qui furent terminés vers le 5 août. Les bombardements commencèrent le 7 août et s’intensifièrent les jours suivants.
(d’où le fameux boulet de canon situé aujourd’hui sur la facade de l’immeuble no 85 Cours Lafayette).
Le 10 août, le maréchal de Tessé, accompagné du Comte de Grignan, entrent dans Toulon avec 18 nouveaux bataillons d’infanterie, sans que cela n’empêche l’ennemi de continuer à bombarder le port Il était désormais temps d’agir… »Toulonnais, retroussez vos manches » … tel était le mot d’ordre formulé par le maréchal dans son QG installé dans la bastide du jardin du Roy (qui aujourd’hui existe toujours, millésimée 1681, et située au fond de l’impasse Mirabeau).
Oui, il était devenu absolument nécessaire de briser le front établi par l’ennemi à l’est de Toulon. Il fut donc décidé de mettre toutes les forces disponibles dans cette action. La date fut fixée au 15 août et le plan, élaboré par Mr de La Blottière, fut approuvé par le Maréchal de Tessé.
Pour cette attaque, le plan de Mr de La Blottière prévoyait de mener une action sur trois fronts (depuis la Croix Faron jusqu’à la hauteur de La Malgue) et ce, avec 5 colonnes.
La première devait, avant tout autre chose, prendre la montagne du Faron et se rendre maîtresse du poste de la Croix Faron. Les trois suivantes devaient marcher sur les hauteurs de Sainte Catherine et d’Artigues et la dernière devait mener ses efforts sur celle de La Malgue.
Enfin, pour empêcher un retour de l’ennemi, il avait été préconisé que les troupes cantonnées au poste de Saint Antoine fissent, cette même journée, une diversion en direction du château de Dardennes.
Quand au signal de l’attaque générale, il devait être donné par « huit fusées volantes » tirées « de dessus la montagne près La Croix Faron » une fois le poste reconquis.
Il fut même décidé que l’attaque serait menée par Mr de Guerchoix, puisque ce dernier connaissait « parfaitement bien le poste de la Croix Faron« .
Les détails de l’action à entreprendre sur la montagne du Faron préconisaient qu’il serait necessaire d’y employer « huit bataillons et dix compagnies de grenadiers » et qu’elle devait être entreprise de nuit afin que l’attaque générale puisse débuter au lever du soleil.
Elle sera commandée par Mr de Dillon, lieutenant général.
Dans la nuit du 14 au 15 août 1707, la première partie de ce plan fut mise à exécution et chaque colonne se mit en place pour l’attaque générale. Les canons furent transportés à dos de mulet.
Mr de Dillon était guidé par un marchand drapier de Toulon, un dénommé Léraut (où Leraud), qui passait pour connaître admirablement bien tous les sentiers de la montagne.
La colonne, » à une heure de nuit » se rendit par le vallon de Claret, « sur la gauche du camp retranché de Ste Anne »,sur les premières pentes du Faron en passant par le Chemin de la Colline. Puis, « par le chemin du ravin des Jésuites » et le chemin du Roy (nom actuel : Rampe de St Antoine), elle gagna lentement les hauts plateaux du Faron.
Enfin, après une marche harassante, « qui n’avait pas duré moins de 6 heures« , la colonne atteignit vers les 4h du matin la crête de la montagne et Mr de Dillon pût lancer ses troupes sur la hauteur de la Croix Faron où elles enlevèrent de vive force et à la baïonnette la redoute (petit fort fermé) installée par l’ennemi. Il en fut pris possession tandis qu’une grande parte des ennemis s’enfuyaient vers La Valette.
Désormais maître du sommet de la montagne et du poste de la Croix Faron, Mr de Dillon, conformément au plan de Mr de La Blottière, fit tirer les fusées.
L’aube d’une mémorable journée venait juste de se lever tandis que Mr de Dillon faisait descendre une partie de ses troupes sur le plateau Fournier, là même où l’ennemi avait installé une batterie de 4 canons le 30 juillet afin de tenir sous son feu la hauteur d’Artigues.
Au même moment, depuis les environs de Toulon, les autres colonnes montaient à l’assaut de leur objectif respectif. Les français se bâtirent si bien que tous les objectifs, à part celui de La Malgue, furent enlevés à l’ennemi.
Suite à ces derniers évènements, les coalisés ne pouvaient plus que lever le siège. Mais avant de se retirer définitivement, ils décidèrent de malmener encore Toulon et, en fin de journée, ils bombardèrent la place. Il en fut de même pendant toutes les journées du 16 au 18 (100 bombes par jour, chiffre énorme pour l’époque) mais Toulon, évacué d’une grande partie de sa population, tint bon
Enfin, à partir du 19 août, les troupes ennemies commencèrent à lever le siège. Le 22 août, elles étaient totalement repliées, après avoir perdu 8000 hommes.
Le maréchal de Tessé ne fit rien pour inquiéter la retraite des ennemis, laissant aux populations rurales le soin de poursuivre, de traquer les détachements ennemis, ce qu’elles exécutèrent impitoyablement.
Cette inertie du maréchal lui valu d’être disgracié.
Toulon a cependant tenu à lui rendre hommage en donnant son nom à une de ses principales artères.
Conséquences du siège de 1707, la défense de Toulon fut renforcée : on construisit le Fort d’Artigues, sur cette hauteur, où les assiégeants et les assiégés s’étaient tant battus, puis les Forts de Ste Catherine et de Lamalgue. Ces trois forts fermaient l’accès de Toulon vers l’Est.
Sources : Synthèse réalisée à partir des diverses revues annuelles des membres des Amis du Vieux Toulon / Histoire de Toulon à la médiathèque de Chalucet / Photos, plans et mise en page de Pascal Bouyer