L’avifaune

L’avifaune

La faune du Faron

Octobre, en ce début d’automne, nous profitons d’un été indien et nous profitons de ces magnifiques journées pour partir à la découverte du Faron et de ses oiseaux. Notre guide, Pierre, est né sur les pentes de la colline et il en connaît chaque recoin. Il est 5 h lorsque nous commençons à marcher en empruntant les drailles. En contrebas, la ville est endormie. En silence, nous sommes aux aguets du moindre bruit. Les cris d’une chouette parviennent jusqu’à nous. Lorsque nous repartons après une brève halte, un engoulevent s’envole à nos pieds, il donne l’impression de se laisser porter comme une feuille morte.

Un peu essoufflés, nous continuons: il nous faut arriver à notre poste d’observation avant le lever du jour. Jusque là nous nous contentons de profiter des multiples parfums. Celui du thym d’abord, puis celui du romarin que nous effleurons tout en marchant. Un peu plus loin ce sont des immortelles qui embaument. Il est 6 h 10 et nous arrivons. Notre guide nous fait entrer dans une cabane creusée au coeur d’un volumineux lentisque qui dégage une odeur poivrée. Plus question de parler. Dans un silence total nous observons. Le jour se lève doucement et la nature semble faire de même.

Rouge-gorge

Le réveille-matin du bois se fait entendre; il s’agit du rouge-gorge, oiseau migrateur qui vient passer l’hiver chez nous. Plusieurs d’entre eux se posent sur le pin qui s’élève devant notre affût. Puis c’est le merle qui se réveille. Pierre sort un appeau de sa poche et imite si bien le chant de l’oiseau que, quelques secondes plus tard, un beau merle au bec jaune et au brillant plumage noir se pose devant nous, puis c’est une merlette au plumage plus terne qui vient le rejoindre.

Merle

Bien qu’il ne fasse pas encore jour, la ligne d’horizon, rougeoyante, se dessine au loin et les perdrix se font entendre. Elles « cascadent », elles cacabent. Pierre, la main fermée, imite leur chant et elles répondent. C’est bon signe, nous dit-il en chuchotant, nous allons peut-être les voir. En effet, toute la compagnie descend bientôt en piétant comme des petits poulets et elles s’approchent à une vingtaine de mètres. Nous les contemplons en retenant notre souffle. Elles s’arrêtent un bref instant, comme pour se faire admirer et puis elles s’évanouissent dans la nature.

Perdrix

Quand le soleil se montre, d’un rouge aveuglant, Pierre nous fait écouter un bruit : tsic-tsic…Ce sont des grives. C’est le moment de leur migration. Pierre sort de sa poche un autre appeau et se met à ramager presque comme un rossignol. Il n’en faut pas plus pour voir les grives se poser sur les arbres alentour. Elles observent, de leurs yeux ronds, au-dessus de leur plastron finement moucheté, puis elles poursuivent leur route après quelques secondes. Deux autres, plus grosses, se placent dans le cade derrière  nous. Cette fois ce sont des grives draines : les taches sur leur plastron blanc sont plus grosses.

Grive

Le soleil se lève et nous admirons la rade et les îles d’Hyères. Un vol compact passe à une centaine de mètres. Des palombes qui se dirigent vers l’ouest ! Deux d’entre elles s’arrêtent sur le pin en face de notre affut. Nous admirons leur plumage bleuté et leur collier blanc autour du cou. La matinée s’écoule ainsi. Deux écureuils, l’un roux l’autre plutôt noir,  jouent sur un chêne en poussant des petits cris. Le soleil commence à être haut et nous pouvons continuer à observer grives et merles. Tous près de notre cabane se pose un merle à plastron. Il a un large plastron blanchâtre sur le poitrail, contrairement à son cousin entièrement noir. C’est une espèce assez rare et protégée.

Palombe

Au fil des heures nous observons le ballet des pinsons, des mésanges bleues, des mésanges charbonnières. Quelques chardonnerets aux couleurs étincelantes viennent aussi se poser.

Chardonneret

Les lauriers-tin autour de notre poste attirent de nombreux petits oiseaux, friands de leurs baies noires. Des fauvettes sont pourchassées par des rouges gorges jaloux de leur territoire. Un couple de geais s’approche du chêne, sans doute attiré par les glands, mais ils s’envolent aussitôt avec des cris de frayeur. Un faucon vient de faire son apparition !Plus aucun oiseau ne vole ni ne chante. Notre rapace au regard sévère ne se sent pas en sécurité et s’envole à son tour…

Faucon

Il est bientôt 11 h., il va nous falloir rendre le chemin du retour. Avant notre départ, un vol de becs croisés se pose sur le pin et Pierre nous enjoint d’observer leur bec. Nous ne voulons pas les effrayer, notre but étant de mieux connaître cette colline protégée par le classement. D’après notre guide, le Faron abrite une colonie de becs croisés et très peu de collines varoises sont dans ce cas.

Bec croisé

Pendant la descente, Pierre nous renseigne sur la migration de ces oiseaux et nous promet de nous accompagner à nouveau pour découvrir d’autres espèces qui vivent ou transitent sur le massif. Nous avons passé 5 heures dans le silence, à observer les richesses du Faron. Quel bonheur !

Geai